Note conceptuelle

Le contexte

Cette année (2021) marque la 10e édition du Forum de haut niveau de Tana sur la sécurité en Afrique, l’événement annuel phare lors duquel des réflexions approfondies sont menées pour trouver des solutions africaines aux innombrables défis du continent en matière de paix et de sécurité. Le Forum se tient à un moment particulier en Afrique et dans le monde, principalement en raison des perturbations découlant de l’apparition et de la propagation soudaines de la pandémie de COVID-19 et des mesures prises par les États pour l’enrayer. Certes, certains anciens problèmes subsistent, mais les nouveaux sont à l’origine de tensions et de menaces qui se manifestent à l’intérieur des États, plutôt qu’à l’extérieur, et qui révèlent les causes profondes de la fissure dans les relations entre l’État et la société.

Les signes de menaces pour la paix et la sécurité dans tout le continent africain sont évidents : fragilisation des institutions publiques fondamentales, recrudescence de phénomènes ethnoreligieux et autres clivages identitaires, prolifération inédite d’acteurs et de risques. Pourtant, même dans ce contexte, le climat d’incertitude qui prévaut offre l’occasion de mener une réflexion approfondie et d’agir de manière décisive pour remédier aux facteurs qui déclenchent et alimentent le sentiment d’insécurité actuel. Pour comprendre les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la sécurité de l’Afrique, il faut également repenser le rôle des acteurs et la nature des initiatives prises aux niveaux national, régional et continental, ainsi que celui des partenaires internationaux pour trouver des solutions.

Le thème central

Le point de départ de cette 10e édition du Forum Tana est de d’accorder une place prépondérante aux Africains dans le discours sur la sécurité et la résilience dans différents espaces politiques, économiques et sociaux. L’objectif global est d’analyser les questions concernant à la fois l’instauration d’une paix, d’une sécurité et d’une résilience axées sur les personnes, conformément au thème de cette année adopté par l’Union africaine : « Arts, culture et patrimoine ». En plus de faire le point sur l’évolution des menaces pour la paix et la sécurité sur le continent, l’accent sera mis sur la mobilisation et la mise en place au niveau local du modèle de résilience permettant aux Africains de faire entendre leur voix et d’agir.

Toute démarche contraire reviendrait à remettre en cause la détermination et la capacité des citoyens africains à affronter et à neutraliser les dangers liés au terrorisme, à l’extrémisme violent et à la criminalité transnationale organisée, qui occupent désormais une place prépondérante – et dangereuse – dans la problématique de la sécurité sur le continent. De la Corne de l’Afrique à l’arc sahélien, de la République démocratique du Congo (RDC) à la République centrafricaine et au Mozambique, l’Afrique risque de devenir le nouvel épicentre du terrorisme dans le monde. L’inquiétude est palpable face à la menace croissante du terrorisme qui mine ou réduit à néant la capacité d’adaptation et de résilience de l’État, mettant ainsi un grand nombre de personnes en danger. À cela s’ajoute le phénomène de la violence extrémiste et de la criminalité transnationale organisée. Dans le contexte actuel de crise sanitaire découlant de la pandémie de la Covid-19 et de fermeture des frontières qui en découlent, les réseaux criminels et les groupes armés non étatiques ont aggravé ces deux phénomènes et ont tiré profit. La conséquence la plus évidente de ces menaces successives est la faiblesse et l’incapacité de l’État à réagir efficacement.

En outre, ces problèmes d’insécurité sont devenus le principal facteur de déplacement continu des personnes à l’intérieur et à l’extérieur des frontières et les violations répétées des droits de l’homme dans ces conditions. Dans son rapport de 2021, le HCR fait état d’une augmentation considérable du nombre de réfugiés et de personnes déplacées en Afrique. Si nous ne parvenons pas à trouver d’autres solutions pour faire taire les armes, le problème du terrorisme, de la violence extrémiste, du crime organisé, ainsi que les risques qu’ils font peser sur les personnes et les communautés demeurera et continuera de s’aggraver.

Dans presque toutes les situations où la résilience est mise à mal ou menacée, les questions et les priorités en matière de gouvernance sont soumises à rude épreuve, ce qui se traduit rapidement par des tensions sociales, des bouleversements et des violences. Les problèmes de gouvernance sous-jacents, tels que le manque d’inclusion, l’injustice et la violation des droits, la mauvaise gestion des ressources, l’absence de filets de sécurité sociale et de bien-être pour les citoyens, le recul de la bonne gouvernance et des autorités locales, la diminution des opportunités économiques et de la possibilité de s’émanciper, les lacunes du système et du processus électoraux, etc. deviennent des causes importantes de fragilité, ce qui pourrait entraîner de graves conséquences en matière de paix et de sécurité.

Dans ces conditions, on constate une tendance à l’autoritarisme et à la répression dans le comportement des autorités étatiques en Afrique. Le fait que l’État soit à la fois garant de la sécurité et vecteur de menaces soulève des questions fondamentales qui touchent avant tout à la nature du contrat social entre l’État et les citoyens et, à un niveau plus vaste, à la qualité des relations entre l’État et la société.

Télécharger la version intégrale de la note conceptuelle sur le Forum de Tana en 2021. Concept Note(en).